Carnet de route

Alpinisme autour du refuge du couvercle
Sortie : alpinisme "facile" Complet liste d'attente du 08/07/2023
Le 12/07/2023 par Manu
Samedi 8 juillet :
5h55 : Nous partons à la fraîche de Crest. L’envie d’éviter les embouteillages évidemment mais surtout l’impatience de partir à l’assaut des sommets autour du refuge du couvercle. L’aventure est chapeautée par Pierre depuis déjà quelques semaines. Listes de courses possibles, listes de matériels, grimpes et rencontres, le groupe (Carole, Coline, Thibault et Manu) est constitué et motivé. La voiture est chargée à vive allure et on récupère la dernière aventurière aux abords de Vaunaveys. Une petite pause s’impose à mi-chemin (ou presque) pour sentir la fraîcheur de la montagne, boire un petit café ou thé et croquer un petit déjeuner avant l’arrivée à Chamonix. Les virages se sont enchaînés et le paysage se fait grandiose à l’approche de notre point de chute. L’option parking (payant évidemment… et suspense sur le prix !) nous permet de laisser le peu qu’il nous reste dans l’habitacle. Mousquetons, baudriers, casques, dégaines… OK ! Crampons, reverso, friends, broches à glace dans le sac à dos : OK ! Ah oui… nous nous accordons sur qui porte les cordes, détails à ne pas oublier (et ne pas rompre sous les crampons ^^). La suite… le chemin de fer mythique de la mer de glace (ou du moins ce qu’il en reste). Nous partons donc (sur)équipés (jusqu’aux lunettes d’alpinisme sur-mesure de Pierre et Coline) à bord du train montant pour le fameux glacier. Il faut bien se le dire, nous arrivons haut, trop haut pour toucher la glace alors il faudra redescendre d’abord par un sentier puis par les escaliers (en béton puis en métal) pour enfin arriver au pied du glacier (enfin dans les pierres recouvrant la glace). Ah oui, entre-temps les chaussures font des siennes et Carole doit remonter (puis redescendre) pour Chamonix. Une grande aventure dans l’aventure dont on n’a pas fini de parler ! La marche d’approche sur la mer de glace se fait sans encombre. Marcher sur la mer ? Marins d’eau douce que nous sommes nous remontons à contre courant le glacier pour attaquer les échelles. Thibault peut nous dire qu’il en a compté… 534 ?! Le chiffre est-il si important ? Toujours est-il que nous nous encordons une première fois d’un commun accord pour sécuriser notre montée. L’altitude se fait sentir et la marche est disons… plus posée ! Après la glace, la moraine, la falaise, les fleurs et nous atteignons enfin le col et la mer… de pierres ! Les sommets alentours percent le ciel bleu. Le refuge du couvercle nous ouvre enfin ses portes. On souffle, on pose nos affaires et le gardien nous souhaite la bienvenue (à la montagnarde…). Pour demain ? Aiguille du moine ? Allez ça roule ! Les Grandes Jorasses nous font face. La dent du Géant (hésitations sur qui est qui ?). Mont-Blanc ? Mont-Blanc du Tacul ? (les paris sont ouverts). Aiguilles aux noms les plus évocateurs (moine, évêque, nonnes, verte, etc.). Et la pointe Isabelle au loin. Repas, préparatifs, observations, discussions et repos dans ce refuge refait à neuf avec de la vaisselle CAF « l’esprit club alpin » (since 1874 of course). Les lampes sont-elles aussi « esprit club alpin » ? Nous y penserons dans nos songes.
Dimanche 9 juillet :
4h. Réveil (petit) matin. Nous abordons l’aiguille du moine. On se répète : « Attention au gendarme du moine ! Ne pas le dépasser… ». Nous grimpons en cordée. Pierre ouvre la voie. Thibault récupère dégaines, coinceurs, friends et sangles pour repartir en tête. Tous les deux alternent les manips essentielles à notre progression vers le sommet. Nous progressons (dans tous les sens du terme). Nous croisons un randonneur nous indiquant la voie à… ne pas prendre ! (enfin pas comme on l’a prise). Ah ! Le fameux gendarme du moine nous y voici, mais il ne fallait pas le dépasser. Nous nous offrons tout de même une vue plongeante sur le glacier du Talèfre au prix de quelques mouvements acrobatiques… Nous laissons une cordelette en souvenirs (toujours avoir de la cordelette nous répétera Pierre). On grimpe et l’heure sonne. 11h pétante ! Il faut faire demi-tour sans avoir atteint le sommet mais en ayant appris beaucoup grâce aux conseils avisés de Pierre. La désescalade peut donc s’amorcer. Quelques rappels pour la forme (au deux sens du terme) et puis les pieds dans la neige nous finissons notre descente jusqu’au refuge. Carole est arrivée avec des chaussures à ses pieds, une montée dans les jambes et une nuit dans un kayak à raconter (lui demander directement les détails). Routine de refuge (repas, blabla, lecture, dessin, étirements, profiter de la vue, etc.)… nous sommes chez nous et l’alarme incendie nous rappelle qu’il ne faut pas déranger la quiétude d’un refuge…
Lundi 10 juillet :
2h. La pointe Isabelle est là. Enfin on imagine, car il fait nuit. Frontales sur le casque, nous descendons le glacier du Talèfre (lui aussi est réduit à peau de chagrin). On retrouvera sans problème le chemin au retour (n’est-ce pas !). Nous chaussons les crampons et remontons la pente (légère puis moins légère puis encore moins légère). Bref nous montons à l’unisson ! Pierre se charge de lire les traces et d’éviter les crevasses nous obligeant à quelques manips acrobatiques. L’école des glaces en sortie d’application ! Le sommet (enfin la base) s’atteint en alternant rochers et neige avec le lever du soleil comme créateur de contrastes entre gris, blanc, noir, bleu et toutes ces variantes de haute montagne. Pour la gloire, nous allons quelques mètres plus loin (et plus haut) que le CAF du Mans. Le temps d’une collation à près de 3700 mètres d’altitude avec l’Italie d’un côté et la France de l’autre, au loin le Mont-Blanc évidemment et nous redescendons. Neige… Rochers… Neige… Rochers… Neige… Glacier… Et une idée traverse l’esprit de Pierre. L’occasion rêvée de faire un lunule (ou Abalakov) se présente aujourd’hui à nous. Nous laissons donc une autre cordelette pour s’offrir ce petit rappel. Manu en profite pour initier une nouvelle discipline : le crash sur paroi glacée. Spectaculaire, drôle et sans danger (pas 100 % sécurisé non plus). La marche se poursuit… parfois difficile… parfois à deviner… 17h30 : retour ! La fatigue se fait sentir et la météo s’annonce plus capricieuse. La décision est prise de repartir le lendemain. Le repas arrive vite et est apprécié pour sa diversité et ses saveurs. Refaire le plein… Dormir… Se reposer… Admirer les montagnes… Rêver…
Mardi 11 juillet :
7h. Grasse (grâce) matinée pour ce jour de départ. On range, on fait le tri, on redistribue le matériel (et la corde mouillée). Quelques calculs (et hop on recalcule) pour arrivée au montant dû puis nous redescendons vers la mer de glace pour remonter vers la gare du Montenvers afin de redescendre vers la vallée. Les échelles descendues, nous apercevons les écoles de glace qui s’entraînent sur les parois du glacier. Le temps de se perdre dans la moraine et de traverser le torrent qui partage la mer de glace en deux rives spectaculaires à certains endroits. De l’isolement nous passons à l’euphorie de la grotte de glace. Les panneaux explicatifs nous laissent perplexes (la mer de glace fond… oui mais pourquoi ?). Les bennes (à touristes… et nous) nous permettent d’éviter une montée (enfin sauf pour l’un d’entre nous, n’est-ce pas Pierre). La foule et l’attente nous ramènent à la réalité touristique de Chamonix. La chaleur aussi… La route… Fenêtres ouvertes… Fenêtres fermées… Air frais… Air chaud… La radio et les nouvelles… Même France Musique passe du Julien Clerc… Le monde… Et la tour de Crest ! Arrivée.
Merci Pierre pour avoir lancé cette aventure et tous les bons conseils prodigués durant le séjour. Merci à Carole, Coline, Thibault et Manu pour suivre « l’esprit club alpin » (since 1874).