Carnet de route

la Grande Ruine
Le 23/06/2023 par Jean-Baptiste
Samedi matin 10h, nous voici au pied du col sur la commune de Villard d’Arène.
L’objectif du jour : rejoindre le refuge Adèle Planchard à 3169m, avec dans un coin de nos têtes l’ascension de la Grande Ruine le lendemain.
Jean-Luc, Mathilde, Aurélie, Manu, Jérôme, Olivier et moi-même partons donc sourire aux lèvres d’autant que le temps s’annonce radieux.
Nous montons tranquillement jusqu’au pied du refuge de Villard d’Arène avec en toile de fond la superbe montagne des Agneaux. S’en suit le long plat longeant la Romanche, c’est un régal pour les yeux, l’eau est cristalline et impétueuse, bordé par des fleurs aux multiples couleurs, c’est d’une extrême beauté. Nous laissons sur notre droite l’itinéraire qui monte au refuge du Pavé sous l’œil de Pic Nord des Cavales et de la Pointe Emma, pour filer direction le vallon de la Plate des Agneaux.
L’heure de la pause arrive, fruits secs pour certains, saucisson pour d’autres, à chacun son carburant. C’est reparti pour 1000 mètres qui nous séparent du refuge, Jean-Luc imprime le rythme, un bon rythme même ! Mince il a mangé quoi ?? Fruits secs ou saucisson …
L’altitude se prend rapidement sur ce sentier escarpé rééquipé de câble tout neuf pour éviter une éventuelle glissade. Nos rétines peuvent admirer l’envers du glacier blanc avec les faces nord de Roche Faurio ou autre Pic de Neige Cordier. Les premiers névés font leurs apparitions à partir de 2800 mètres, le soleil ayant bien chauffé c’est dans une neige bien molle que nous atteignons le refuge.
Notre dortoir nous est indiqué et posons nos affaires. Les aléas de l’altitude se font sentir entre vomissement et mal de tête, chacun fait de son mieux pour soigner ses petits maux. Grenadine bien sucrée ou Doliprane entre deux bières, ma foi les deux ont l’air de fonctionner. Quelques petits exercices de mouflage et il est temps de passer à table.
Après un repas pour le moins copieux, on ne traîne pas pour aller se coucher, demain le gardien viendra nous réveiller à 3h30. Nous sommes une cinquantaine à convoiter le sommet, il faudra donc être efficace pour partir dans les premiers et espérer un brin de solitude au sommet.
Après une courte nuit c’est l’heure, le petit déjeuner est vite avalé et les préparatifs vont bon train. Les crampons sont mis dès la sortie du refuge et les cordées sont formées. Il y a une seule cordée devant nous, si le rythme ne fléchit pas pour les 600m jusqu’au sommet nous devrions être un peu tranquilles au sommet.
C’est à la lueur des lampes frontales et du crissement des crampons que nous évoluons sur une neige ayant subi un excellent regel, la progression s’en trouve facilitée. Après une belle traversée légèrement ascendante, nous arrivons sur le glacier et l’encordement long est de rigueur. Au petit jour les pentes se font plus soutenues, derrière les halos de lumières des cordées parties plus tard. Par une belle grimpée la base du couloir caché est atteinte en même temps que les premiers rayons du soleil. Le spectacle est saisissant et la vue incroyable, au nord le Mont-Blanc et au sud le Mont Viso qui trône fièrement du haut de ses 3841 mètres avec à ses pieds la source de Pô le plus long fleuve d’Italie. Après un petit pas sur du rocher nous grimpons le couloir de neige à 35° avec de belles marches qui rendent la progression aisée.
Le sommet n’est plus qu’à quelques encablures, c’est sur une magnifique arête de neige que le sommet sera atteint, la Reine Meije dévoile sa belle face sud. 6h30 nous y sommes : 3765 sommet de la Grande Ruine. Ce sont tous les grands des Ecrins qui s’offrent à nous : la Barre, l’Ailefroide, les Rouies, la Meije, les Agneaux, le Pelvoux, le Sirac…et j’en passe, certains déjà gravis, d’autres en projet… Ces instants au sommet sont toujours magiques et l’heure est à la contemplation.
La descente va être entamée et il faudra rester vigilant car il va falloir croiser une multitude de cordées. Encordement court, bon cramponnage et nous revoici sur les pentes du glacier, le refuge est rejoint à 8h00.
Le temps de boire un coup, de ranger le matériel et de saluer la gardienne et le gardien il faut rejoindre le monde d’en bas. Chacun sa technique pour la redescente sur la neige, n’est-ce pas Mathilde !
Après une dernière pause casse-croûte et un petit plongeon dans la Romanche, nous voici aux voitures. Il ne reste plus qu’à rouler jusqu’à Crest.
Merci à toutes et à tous pour votre gentillesse et votre bonne humeur, ce fut un plaisir de partager ce moment avec vous. Une petite pensée pour les personnes qui n’ont pas pu être présentes pour différentes raisons, je vous souhaite de gravir ce sommet prochainement.
Jean-Luc un grand merci pour l’organisation et chapeau pour tout ce que tu fais pour le CAF de Crest. Cette sortie au cœur de l’Oisans sauvage restera un magnifique souvenir.
Jean-Baptiste