Carnet de route

Mont Barral
Le 30/12/2024 par michel maunand
- Allo. Hé bonsoir Jean-François.
- Salut Michel, il me reste une place demain. Ça te dirait ?
- J’sais pas. Il va faire beau, mais que prévois-tu ?
- Le Barral, j’ai vu aujourd’hui qu’il est blanc, même la face sud.
- J’sais pas si j’ai les jambes, bien crevé de ma sortie de samedi.
- T’as fait quoi ?
- La Mandallaz, dans les Aravis, 1300m.
- Ben mon cochon, tu hésites pour le Barral après cela ?
Derrière moi, ma compagne dit :
- Allez, file avec tes copains, ça te fera du bien…
C’est effectivement blanc au tunnel du Menée, et bleu dans le ciel. Jean-François nous emmène par le versant nord, c’est doux sous les hêtres. Nous sommes quatre zigs, dans les conversions, le silence de l’effort a remplacé nos joyeuses discussions du voyage. Les Zag d’Alain sont délaminés, les zings dans le ciel azur et pur (donc pas si pur que cela !), en tournant la tête au nord, on zoome sur l’aiguille (le Mont !), qui se multipliera au sommet (celles du col et les nombreuses plus loin à l’est). J’peux vous la refaire ?
C’est l’époque de l’inversion des températures, -7° à Die, +2° au Barral (gamin, j’avais des voisins portant ce nom, quelques souvenirs…). La face sud s’étale sous nos yeux, et nos spatules. Jef veut bien tâter du virage, sur une neige encore dure (départ 7h de Crest, 8h45 au col, 10h au sommet). Trop tôt malgré un soleil pour écran total. 300m plus bas, à la bergerie de Jiboui, toujours personne (Aux Aravis, c’est blindé de chez blindé en bas et en haut, partout). On compte déjà quelques gamelles, celle dans mon sac à dos me présente ma part de tarte en miettes ! Oui, je sais, j’en ai pris une bonne.
On tricotte, une maille au nord, une maille au sud, une maille au nord. On tombe le pull. De nouveau le silence, la neige se transforme, les 300m sont avalés en conversions, en zigzags, pardon, pas si vite, on souffle, et c’est nos piqueniques qui sont avalés à 12h15 ! On y refait le monde, là où il n’y en a pas. Que c’est beau, Bénevise en bas, la Montagnette, le Ventoux, les pins à crochets (fallait bien que je reparle de tricot).
Faut pourtant s’arracher au contemplatif philosophique (j’en rajoute un peu), on a encore du taf, pour skier serré entre pins, poudre et plaques dures. On oublie de compter, les virages et les gamelles, surtout dans la combe de la Freidière, genre, t’as même pas 10m de large entre une haie de fayards et la croute + rochers + herbes. Jean apprend : jambes légèrement écartées, genoux fléchis, bras en avant, laisse filer la fin du virage et fait ta prière, la prière, c’est important. Et ben, c’est Jef qui s’en est pris une bonne. Comme quoi…il n’a pas prié.
Et on lui dit tous les trois merci au retour à la voiture. Bilan, un bâton tordu.
Bonne année 2025.
Michel