Carnet de route

Minicamp Alpinisme au refuge du Pavé

Le 24/07/2025 par Coline

C’est une fière équipe qui part cette année pour le mini-camp d’alpi. Moitié dioise, moitié crestoise, jeune et fringante, menée par un Jean-Luc intrépide,  voici la fine équipe en route pour le refuge du Pavé, dans les Écrins.

La montée au refuge se fait tranquillement, le long de la Romanche, on retiendra les interminables kilomètres de plat avant d’attaquer le gros du dénivelé qui nous mène dans un dernier raidillon câblé jusqu’à ce petit refuge du lac du Pavé.

Un refuge aux allures de rescapé. Il faut dire, que le refuge initial, construit dans les années 70’, n’a pas fait long feu, emporté par une avalanche, à peine finalisé. C’est donc la baraque de chantier qui a  longtemps servi de refuge pour les montagnards aguerris qui s’aventuraient près du lac. Le nouveau refuge, ouvert récemment a tout pour plaire : une large baie vitrée donnant sur la Grande Ruine une bibliothèque de bonnes BD (ça suffit les histoires d’alpinistes solitaires), un piano pour une fête de la musique des plus endiablées (on attend encore le récital promis!), et… des lavabos hors service.

En montant il y a quelques semaines, la gardienne a découvert que le captage d’eau était non seulement hors service, mais aussi hors d’atteinte, quelque part près du lac, sous 3 mètres de glace. Qu’à cela ne tienne, la vaillante équipe pique une tête dans la rivière gelée  pour se décrasser avant un bon repas, et une bonne nuit de sommeil.

Le mot d’ordre de ce mini-camp ? Grasse matinée ! Vous ne vous y attendiez pas n’est-ce pas ? Il faut dire que le refuge est si bien placé que les courses sont toutes à une heure d’approche, alors pourquoi se lever avant le soleil ?

Au programme de cette première journée, on vise le pic nord des Cavales par une grande voie peu équipée. Notre projet est vite avorté car on peine à trouver l’itinéraire, et une épaule nous fait faux bond en plein milieu de la première longueur. Un bon exercice de mouflage / tractage pour Rémi et une chance inouïe car arrive justement le président de la compagnie des guides de la Grave qui nous assiste depuis le pied de la voie et appelle l’hélico sans hésiter. La prise en charge est rapide, et on garde une pensée spéciale pour Jérémy qui nous a préféré la visite de l’hôpital de Briançon, en nous laissant, bon prince, tous ses vivres pour les jours à venir.

Un peu secoués par cette mésaventure, on décide d’explorer la voie normale, qui déroule, dans une ambiance splendide, avec vue sur la Meije, le Pavé, Gaspard une occasion de se mettre en confiance sur la pose de coinceur, et d’arriver au sommet dans les temps. Mais pas assez tôt pour la montagne, qui a vraisemblablement décidé de nous en faire voir de toutes les couleurs. Après le bleu gendarmerie de l’hélico, voici le gris charbon d’un ciel d’orage qui se déchire en pleine redescente. Éclairs et grêle viennent agrémenter notre retour au refuge. On arrive trempés, les épaules fouettées par les grêlons. Pas fâchés de retrouver le refuge après cette journée pleine d’émotion. On négocie un petit feu de cheminée car toutes les affaires sont bonnes à essorer.

Malgré nos émotions de la veille, le lendemain on part pour l’arrête Sud intégrale de la Pointe Emma. Et là on en prend plein la vue. C’est un enchaînement de dents extrêmement effilées, c’est aérien, c’est grandiose. On progresse tranquillement, à certains endroits on se laisse impressionner par le vide, par ces montagnes éternelles qui nous entourent et nous observent. On marche sur le fil, on désescalade dans une ambiance gazeuse pour mieux repartir à l’assaut de la dent suivante. On passe, parfois à grand renfort de grognement, le petit surplomb impressionnant. Mais à chaque pas, on se délecte du spectacle qui nous est offert. On rejoint finalement la voie normale pour finir l’ascension jusqu’à la pointe Emma.

Le lendemain, c’est déjà le jour de la redescente. On fait tout de même une petite course pour monter à la pointe des Chamois et saluer une dernière fois tous ces sommets qui nous ont entouré pendant ces belles journées. Il fait beau et on a le temps alors on en profite pour traîner un peu au sommet en papotant (du jamais vu en alpi!). On pique-nique au refuge pour prendre des forces pour la longue descente. Certains, qui ont de l’énergie à revendre, vont participer à l’effort de guerre pour retrouver le captage d’eau, et passent une heure à creuser un trou dans la glace, à grand renfort de pioche et de tronçonneuse. Et oui, c’est fini la montagne à l’ancienne, romantiques et nostalgiques, passez votre chemin, la gardienne a besoin d’eau, et on espère que le captage finira par se montrer pour la suite de la saison.

Coline

 

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