Carnet de route

Traversée des Dômes de Miage
Le 04/07/2025 par Jean-Baptiste
La traversée des Dômes de Miage, voici le programme alléchant proposé par Jean-Luc pour ce week-end.
Un total de plus de 2600m de dénivelé, du glacier, une arête de neige effilée et une partie rocheuse pour parfaire le parcours de cette magnifique course, en plus le temps s’annonce radieux !
Nous sommes huit à prétendre jouer les funambules, le rendez vous est donné vers 20h au parking de Notre-Dame de la Gorge sur la commune des Contamines-Montjoie.
Malheureusement Sylvaine devra déclarer forfait à cause d’une piqure de guêpe, ne pouvant rentrer son pied dans sa chaussure. Jean-Luc notre cher initiateur qui doit nous guider arrive à son tour mais a toutes les peines du monde pour sortir de sa voiture !
- Jean-Luc ça ne va pas ?
- Non je me suis bloqué le dos.
- Mince ! Mais tu ne vas quand même pas venir ?
- Demain cela ira peut-être mieux.
Ok enfin les miracles c’est à Notre-Dame de Lourdes pas à Notre-Dame de la Gorge…
Après un repas à échanger sur un possible forfait de Jean-Luc, direction nos tentes ou véhicules pour la nuit, le départ du lendemain pour le refuge est fixé à 9h. Jean-Luc avec son mal de dos s’en va se coucher dans son berlingot alors qu’un bon lit ne serait pas du luxe.
8h le réveil sonne et le couperet tombe, Jean-Luc ne viendra pas, les douleurs sont beaucoup trop fortes, on s’en doutait un peu mais là c’est officiel.
Nous sommes donc plus que six pour cette aventure, Cécile, Aurélie, Sina, Jean-Marc, Christophe et moi-même, notre guide blessé procède au dernier briefing et nous nous mettons en route pour les 5h30 de marche d’approche jusqu’au refuge des Conscrits.
La première partie de la marche d’approche est très agréable, à l’ombre en petits lacets réguliers nous atteignons tranquillement le premier objectif le refuge de Tré la Tête à 1950 m d’altitude. La tentation est grande pour le farniente sous les parasols de la terrasse mais le chemin est long jusqu’au terminus de la journée.
Aux alentours de midi la pause est décrétée, diverses denrées au programme, saucisson, taboulé, concombre ou fromage avec un affinage certain !
C’est reparti pour les deux dernières heures de marche sous une bonne chaleur, entre câbles, échelles, petite redescente (qui fera mal le lendemain …) et une splendide passerelle himalayenne nous voici aux Conscrits.
Nous prenons nos quartiers dans ce refuge de quatre-vingt-dix places qui sera plein ce soir.
Jean-Luc nous avait demandé de réviser les exercices de sécurité, mais vous connaissez le proverbe « Quand le chat n’est pas là les souris dansent » Tans pis pour le mouflage, direction la terrasse du refuge avec les boissons et les parties de cartes endiablées jusqu’au repas du soir !
Vous m’avez cru ! Nous sommes des gens sérieux on ne badine pas avec la sécurité ni avec les consignes du président.
On prend donc le matos et après une petite marche on trouve un névé pour réviser les manips. Cela nous a même permis de repérer le départ de la course pour le lendemain. Contents et sereins nous rentrons au refuge avec un excellent repas en perspective.
Notre table nous attend dans la bibliothèque, il est vrai que c’est un endroit original pour diner à l’écart du brouhaha de la salle à manger. On profite des derniers rayons du soleil sur la terrasse et direction le dortoir, le réveil du lendemain est fixé à 3h.
2h45 je me lève, je ne dors plus, un peu de stress d’adrénaline et surtout l’envie d’apercevoir cette arête si photogénique que je vois dans tout les livres de montagne. C’est un beau bazar quatre-vingt-dix personnes qui se lèvent en même temps, l’attention est de mise pour ne rien oublier.
-C’est bon tout le monde a son matos ? 3h55 nous partons, laissant derrière nous le gros de la troupe.
A la lueur de nos frontales nous avançons, on se dit que l’on a un bon rythme car nous doublons pas mal de cordées, après réflexion elles nous attendent en simulant une pause pour nous suivre, un peu perdues de nuit ou les cairns se font rares.
Après 1h de marche nous voici au pied des difficultés. On s’équipe pour rejoindre le glacier de Tré-la-Tête, le jour se lève, les crampons crissent sur la neige ayant subi un regel correct. Nous remontons le glacier en son centre pour éviter les grosses crevasses d’un côté et les séracs de l’autre.
Après un bon raidillon est une pente moins soutenue nous débouchons au col des Dômes à 7h, l’horaire est respecté ! parfait. Petite pause grignotage et contemplation, on admire le Mont Blanc avec le cheminement de l’arête des bosses. On passe d’un encordement long à court pour enfin apercevoir cette arête tant convoitée.
La voilà ! elle est sublime, les conditions sont parfaites avec une neige idéale pour le cramponnage. Concentré, nous assurons nos pas, à gauche ou à droite la chute est interdite. Quelques pauses pour profiter de ce spectacle entre ciel et terre et nous reprenons notre numéro d’équilibriste.
Après la traversée des Dômes s’en suit la descente sur le col de la Bérangère avec une belle pente à 40°, exposée nord la neige y est dur mais avec des bonnes marches. Arrivé au col l’ultime difficulté se présente à nous, on remonte l’arête de l’aiguille de la Bérangère, on garde les crampons pour les quelques passages mixte, des pas de grimpe sympa dans ce cadre grandiose, la corde bien passée derrière les rochers et le sommet de l’aiguille de la Bérangère est la !
Le sourire est sur tout les visages, la pression retombe avec le sentiment d’avoir fait une belle course. Une chouette photo du groupe pour immortaliser l’instant et il faut redescendre au refuge. Celle-ci est une formalité avec des névés qui nous facilitent bien la tâche, en courant pour certains, en piolet ramasse pour d’autres.
Une bonne pause au refuge pour profiter encore de cette ambiance et nous repartons dans la vallée. Arrivé au parking nous sommes rincés de cette descente interminable. Le torrent ou la fontaine serviront de douche, l’eau est fraiche c’est tellement appréciable.
Ce fut un réel bonheur de partager ce beau moment en montagne avec vous, la plupart d’entre nous ne se connaissait pas, avec des âges et des expériences différentes et nous avons su nous entendre. Merci à tous pour votre bonne humeur et un grand merci à Jean-Luc de nous avoir accordé sa confiance et nous avoir laissé le champ libre pour réaliser cette ascension malgré son absence.
Jean-Baptiste