Carnet de route

Arêtes du Gerbier : toute une aventure

Sortie :  arêtes du Gerbier du 07/10/2019

Le 24/10/2020 par Marie Frier

Il est des réveils inconscients qui m’étonneront toujours. Frrrtrrfr… vague bruit blanc. Ouvre un oeil. Waouh mazette : 5h37 ! Le rendez-vous collectif étant à 6h je me jette sauvagement du lit, ainsi que quelques affaires dans mon sac - un peu « au petit bonheur la chance » - espérant y avoir entassé l’essentiel la veille. Le temps de faire chauffer de l’eau pour un éventuel petit déjeuner plus tard, tout en enfilant mon équipement et zou, me voilà dehors. La ville est noire, brumeuse et humide (pour le contexte, nous vivons une expérience sociologique inattendue : le premier jour du couvre-feu).

Ma fidèle auto, qui doit nous emmener jusqu’à Villard fait sa 1ère étape au parking de la poste où Romain et Thomas m’attendent déjà évidemment. Coffre chargé. Clef tournée… euuh quoi rien ? Bah si, plus rien. La panne. Petit échauffement matinal avec un « poussé de jumpy » pour lancer le démarreur. Oui, oui… et non. Soit. Thomas part chercher son camion. J’en profite sournoisement pour boire mon thé et grignoter quelques biscuits. Une voiture de gendarmerie, qui nous a repérés d’un peu plus loin, vient nous frôler d’un regard quelque peu insistant. Je n’ai pas mon masque, mais je mange !! RAS. 

A son arrivée Thomas, jamais trop prudent, laisse tourner le moteur le temps de transférer nos affaires dans ce nouveau carrosse. Le trajet se déroulera sans encombres. 

On parie sur la mer de nuage à l’arrivée. Loupé, c’est toujours bouché. Marche d’approche d’1h20 où nous croiserons chasseurs, forêts et jolie cabane. Perso j’en bave grave, Thomas gère, Romain comme à son habitude gambade léger comme un chamois. On abandonne crampons et piolets encombrants au pied de la cheminée "la double Brêche". Il y a une cordée devant nous. L’occasion de déjà dégainer et partiellement sacrifier un saucisson. Le couloir est une vraie patinette avec la pluie de la nuit, le rocher est froid (tournée générale d’onglet !) mais Romain monte sans difficultés et nous assure. 

Arrivés aux crêtes, un vent bien frais vient nous accueillir. Quelques trouées passagères dans la brume épaisse, dont une magnifique sur les écrins tout blancs et ensoleillés, permettent de voir un peu le paysage qui nous entoure. La progression se fait de façon régulière, la grimpe se veut plus ou moins stylée - surtout la mienne -, le caillou est beau et sèche petit à petit. La cordée qui nous précédait (de sympathiques bretons) fait sa pause déjeuner. Romain, en habitué du Gerbier, a ses adresses. Nous nous poserons donc plus loin, sur une plate-forme confortable à l’abri du vent. Et là c’est un feu d’artifice qui sort du sac de Thomas : saucisson, maquereau, oeuf… époustouflant. Romain lui, pensant à sa promise du soir nommée croziflette, se nourrit de quelques graines. 

Nous repartons le pas plus ou moins léger. 

Comme c’est la journée des blagues, Romain coince solidement sa chaussure dans une fissure. Amarré ! Je suis obligée de descendre lui défaire ses lacets pour qu’il puisse sortir son pied emprisonné ! Le passage spectaculaire de la course, le rateau de chèvre, est exécuté sans problème par tous, la brume nous privant de l’aspect, paraît-il, très aérien de ce passage. Arrivée au sommet puis mini rappel de 25 mètres puis rejoindre les sentes. La brume coquine se dissipe enfin, nous laissant enfin voir les formes et coulures colorées de la roche. 

Retour glissant mais ensoleillé jusqu’au parking , ce qui nous permet d’admirer ce beau Vercors. On y sort les dernières munitions fromagères réconfortantes puis départ sans arrêt par la case « vitamine B12 houblonnée », couvre-feu oblige. Une belle sortie, la brume nous offrant une ambiance bien singulière tout en nous privant de la vue, prétexte pour y revenir une prochaine fois.

Merci à Romain et Thomas pour cette aération en montagne et leur bien agréable compagnie.