Carnet de route

Raid ski de rando dans le Queyras
Le 04/03/2020 par BEAUFORT Jean
POUDRE et PIED dans le QUEYRAS
du lundi 24 au samedi 29 février 2020
POUDRE pour la neige qui nous a rejoints au bout de quelques jours ; PIED pour le pied que nous avons pris à ces moments passés ensemble, … mais aussi pour celui de Sylvain, de Claudie et de Géraldine (voir plus loin) ; QUEYRAS pour la beauté de ses paysages.
Organisé par Édith, ce séjour dans le Queyras était prévu itinérant, sous forme d’un raid de six jours, de refuges en gîtes. Nous étions 8 à y participer. Nous aurions dû être 9, mais Sylvain avait eu l’idée originale de se casser le gros orteil la veille du départ (première des trois histoires de pied).
Le lundi 24 février vers midi, nous voilà arrivés à St-Véran (1900 m). Sous un soleil superbe, nous sommes montés au Pic de Château Renard (2689 m) où nous avons trouvé un observatoire, un peu comme au Pic de Bure. Un projet de téléphérique, totalement scandaleux, est à l’étude : il relierait ce village exceptionnel (vieilles maisons en mélèze, commune la plus haute d’Europe, etc.) à cet observatoire : un « crime » aux dires de Jean-Pierre (nous partageons tous son point de vue), passible de la peine de mort (sur ce point-là, on n’était pas tous entièrement d’accord). De là, descente dans la vallée de l'Aygue Blanche (2232 m) : versant Sud dans une neige croutée-pourrie que j’ai trouvée insupportable et interminable. Puis remontée de cette magnifique vallée, avec le pic de Toillies en point de mire, éclairé par les derniers rayons du soleil, jusqu’au Refuge de la Blanche qu’Édith nous avait réservé pour deux nuits. Très sympathique refuge, où nous avons pu manger des produits bio et locaux de qualité. Et où nous avons pu commencer à tester nos qualités de tricheurs au Papayou : oui, parce que chacune de nos soirées était ponctuée de ce jeu où la règle -spécifique au CAF de Crest- est d’arriver à tricher sans se faire prendre, au risque de se coltiner 250 points d’un coup. Chacun a son talent, chacun a sa technique : Thierry, le pauvre, se fait tellement soupçonner et observer par tous les autres qu’il ramasse souvent alors que d’autres, comme Claudie ou même le docteur Guy -à qui on donnerait le bon dieu sans confession- arrivent à bien cacher leur jeu.
Le mardi, nous voilà partis pour le tour de la Tête des Toillies : montée tranquille au col Blanchet (2897 m) puis bascule en Italie où il nous a fallu skier en évitant le coronavirus : l’obligation donc de faire plein de virages ! Une neige un peu tôlée mais sans piège, dans des vallons magnifiques. Deuxième histoire de pied : Claudie avait perdu la vis de fixation d’un des crochets de sa chaussure (on n’a pas encore trouvé le coupable), ce qui aurait dû la gêner un peu dans sa godille de pro (même pô !). Le soir, on a trouvé un réparateur bidouilleur en la personne de Thierry dans un premier temps, avec la caisse à outils transportée dans son sac, puis d’Hervé le lendemain lorsqu’il a été possible d’aller en magasin. Après un repas au soleil, nous voici repartis pour le Col de la Noire (2955 m) : l’occasion de comparer le recours à la carte (Édith) et à Iphigénie (Claudie). Selon vous, lequel est le plus fiable pour trouver quel vallon remonter ? Réponse dans un prochain épisode. Un paysage superbe, avec de belles corniches. Arrivés au col, Claudie, Edith, Hervé et Géraldine ont fait un aller-retour sur l’arête jusqu’au sommet de la Petite Tête Noire (3039 m) tandis que les quatre autres nous élancions dans la superbe descente jusqu’au refuge, histoire de prendre la douche avant eux ! Et oui, il y a des douches dans ce refuge situé pourtant à 2500 m !
Le mercredi matin, changement de temps : du froid, des rafales de vent, de la neige. La neige, c’est bien, c’est même indispensable, mais le froid et le vent, c’est moins rigolo. Édith a dû modifier son programme (monter au Pic de Caramantran puis descendre en Italie avant de remonter au col Agnel) et tâcher de nous faire atteindre le refuge Agnel par le col de Chamoussière (2884 m). Mais après un début d’ascension, nous avons été obligés de nous rendre à l’évidence : dans les rafales de vent, avec un jour blanc, sur une neige gelée, franchir ce col (en espérant qu’on ne se trompe pas) était trop risqué. Nous avons alors décidé de redescendre aux voitures, à St Véran (snif !) : et ça n’a pas été une partie de plaisir, dans un faux-plat descendant face à un vent violent. Vers midi, nous voilà revenus dans la civilisation, un peu tristes. Mais notre super organisatrice est arrivée à négocier un hébergement à Abries (où notre arrivée n’était prévue qu’un jour plus tard). Une fois installés dans le gîte du Villard, l’après-midi, nous voilà repartis avec nos voitures à Valpréveyre pour une montée de 500 m D+ à côté d’une piste de ski, puis une excellente descente en poudreuse dans les mélèzes : même si elle avait mal démarré, la journée se terminait bien !
Le jeudi matin, nous sommes retournés au Roux. Troisième histoire de pied : Géraldine, qui étrennait des chaussures neuves, avait eu tellement mal sur l’avant du tibia les deux jours précédents qu’elle a dû abandonner, et redescendre en ville se faire thermoformer ses chaussons. Et une heure plus tard, c’est Thierry qui nous abandonnait à son tour, victime d’une gastro contre laquelle il luttait depuis le matin. Avec une pensée pour nos deux compagnons en galère, nous voici partis pour la crête de la Gardiole (2656 m) : une montée un peu raide mais sympathique sur une neige parfois dure, parfois poudrée. A proximité du sommet, le temps avait changé : fortes rafales de vent, nuages et petites chutes de neige. Nous avons dû dépeauter un peu avant le sommet et nous lancer dans la descente et là, grand bonheur : de la poudreuse soufflée, de la neige fraîche assez profonde, un grand plaisir jusqu’au chalet de Sophie et Patrick, histoire de leur apprendre les techniques de triche au Papayou.
Le vendredi fut LE jour de beau temps, LE jour de réussite parfaite, sans aucune ombre au tableau, sauf pour la pauvre Géraldine qui a souffert tout au long de la montée et surtout de la descente à cause de son pied blessé, et malgré le thermoformage. Depuis Ristolas (1604 m), nous sommes montés en direction du Pic de Ségure (2990 m) : une trace régulière dans la forêt, quelques vallons un peu raides où j’avoue avoir craint l’avalanche (neige poudreuse sur neige glacée, dans une pente supérieure à 30°) mais où j’ai pu apprécier les compétences de Thierry, Édith et Claudie, nos trois accompagnateurs. Et enfin un plateau superbe, aux paysages exceptionnels, tout au long de l’arête, avec des accumulations de neige impressionnantes. Suivre l’arête jusqu’au sommet du Pic Ségure n’était pas possible : sommet gelé et soufflé : nous nous sommes arrêtés sur une antécime, le Pic de Maloqueste (2754 m), avec une vue panoramique exceptionnelle entre autre sur le Viso. La redescente fut un grand moment de bonheur (sauf pour Géraldine qui souffrait à chaque virage) : chacun sa trace dans la poudreuse, dans des immensités de neige puis dans la forêt, sur 1200 m de dénivelé !
Après une dernière nuit au Gîte des Astragales à Ville Vieille, samedi, ascension de la Gardiole de l’Alpe, au-dessus de Gaudissart (1100 m D+), avec une super neige à la descente d’après Claudie. Mais ça, je n’en parlerai pas : j’ai dû chez moi le vendredi soir.
Après ce (trop) long compte-rendu, je n’aurais pas la possibilité de parler des participants. Je peux juste dire que la qualité de l’ambiance entre nous, l’humour d’Hervé et de Jean-Pierre, la gentillesse de Thierry et de Guy, l’énergie des trois nanas, Claudie, Édith et Géraldine, la solidarité entre nous tous, les moments intenses passés ensemble, ont constitué le meilleur de ce séjour !
Merci !