Carnet de route

mini camp alpi au Sirac
Le 02/07/2017 par maunand michel
"La météo se confirme désespérément mauvaise pour la fin de semaine sur le massif du Mont-Blanc avec des chutes de neige jusqu’à 2300 m, et il est plus sage d’annuler le refuge du Couvercle sur quatre jours.
Après échange avec Clément nous proposons pour la fin de semaine un plan B sur l’Oisans où il fera beau Dimanche.
Départ de Crest samedi matin avec montée en refuge l’après-midi (sous la pluie)
Une des pistes serait des voies rocheuses dans le Sirac depuis Vallonpierre".
Jean Luc, initiateur alpi et chef de groupe
Quelques commentaires dans la semaine suivant ce « petit » camp alpi !
"Notre un groupe étant composé de personnes normales (à l'inverse de quatre autres dont je ne citerai pas le nom mais qui se reconnaîtrons) nous ne pouvions plus entreprendre cette voie qui n'avait plus rien de normale, logique non ? mais nous n'avons pas dit notre dernier mot et un jour nous aurons notre revanche, alors prend garde à toi Sirac nous reviendrons..."
Gilles, second de cordée normale
"Ce qui se passe sur le Sirac reste sur le Sirac, on ne vous racontera donc pas les variantes directes en 7b à corde tendue de la cordée Carpentier-Houwaer, on ne vous racontera pas non plus les contournements sordides du professeur Michel protégé par de frêles câblés maintenus seulement collés par le gel de cette face nord. Ce qu'on peut dire c'est qu'il n'a pas fait froid, qu'on a merdouillé à l'attaque, que les conditions n'étaient pas très "roulantes" et que la descente transpirait de neige tiède comme une omelette norvégienne au micro-onde."
Hugo, tête de cordée arête
"A tous, chef de corvée ou capitaine de corvette il faut choisir... après 2 jours, Je vois que les courbatures aux poignets (uniquement aux poignets évidemment) s'estompent... Grande et belle course, réalisée dans des conditions qui, si elles rendaient la montagne très belle, n'ont pas du tout facilité les choses...Chapeau Clément et Julie d'être sortis à midi, nous étions heureux de sortir nous vers 14 heures et de les retrouver. Nous avons un peu manqué d'anticipation pour sortir les crabes, ne nous rendant pas assez compte que notre progression somme tout pas si lente, nous mettait à une altitude où les conditions changeaient, la domination du soleil n'étant pas encore complète. La grimpe en a été un peu plus élégante et réfléchie (oui Hugo!) pendant une ou deux centaines de mètres de plus...Tu peux compter sur le Sirac pour garder les secrets, c'est un ami de quarante ans."
Michel, second cordée arête
"Le Sirac s'est laissé à demi vaincre : il faudra revenir pour finir la voie normale ! La vue là-haut est sympa et je suis sûr que la petite traversée avant le gendarme jaune laissera des souvenirs à plusieurs, surtout à la redescente !
Pour ce qui est du récit, que dire ? Que je me suis fourvoyé dès l'attaque, nous entrainant sur des dalles peu commodes et peu protégeables, mais que Julie n'a même pas remarqué l'erreur d'itinéraire. Que nous avons ensuite suivi Hugo et Michel qui cavalaient jusqu'à la brèche, puis que j'ai malicieusement doublé par la gauche en prétextant un échange de matériel. J'ai ensuite tout fait pour semer la 2e cordée, ce à quoi Julie m'a bien aidé en grimpant à toute vitesse, mais ceci a été vain jusqu'à ce que l'on rencontre la neige ... Et puis qu'on s'est ensuite amusé à grimper sur du rocher mouillé et enneigé sans crampons, mais qu'on a vite jugé plus sage de les sortir, ce qui nous a permis de faire un peu de mixte. Bref, on s'est bien amusé jusqu'au sommet, on a même eu le temps de prendre un bon gueuleton et de faire bronzette, et la descente a été ... longue ! Mais ça arrive des descentes courtes ? Dans les Ecrins, je n'ai pas encore vu !
En tout cas, encore un super week-end avec un seul regret : qu'on ne se soit pas tous retrouvés au sommet pour partager le génépi !"
Clément, initiateur alpi et chef groupe arête
"Etant 10, ce n’est pas un remake des douze salopards !
Aucun tolard, ni condamné (enfin, au CAF, on ne demande pas le casier judiciaire…), tous volontaires pour une mission : conquérir le Sirac (3441m), un assaut croisé par les voies normale et arête nord !
Peu de nous étaient passés par le camp d’entrainement des Rouies.
Samedi, l’approche au refuge bondé se fait sous une pluie fine et planqués dans la brume. Les troupes sont nombreuses, leur objectif étant majoritairement le GR, le bâtiment archi complet. Le gardien sympa et bon cuisinier nous prévient : conditions difficiles en altitude.
A 5h, la bataille est lancée, deux groupes se séparent, frontales branchées, ciel étoilé et jour ensoleillé naissant.
Le major Jean-Luc en a vite plein de dos de cette mission à hauts risques et, assez coincé, avec sa poignée d’hommes et une femme, il se lance quand même vaillamment dans la prise du bastion défendu par un feu glacier et un empilement de blocs défensifs revêtus d’une fine couche de neige glissante et traite. Suivi par quelques cordées hésitantes, l’assaut final à 200m du sommet est stoppé net par des conditions pas jojo. Quatre rampent en crampons sur une seule longueur de rochers dans ce final juste au-dessus du glacier à 40°, air à seulement quelques degrés Celsius en ce mois de juillet, et des salves de neige glacée et mal accrochée qui dévalent : les trois chefs se concertent, les trois autres mercenaires respectent : demi-tour, ça suffit. Les autres cordées ont déjà décampé.
On a monté des grosses ferrailles pour rien.
Nous pensons à l’autre commando, dans du difficile, du long, dans l’ombre et le froid, sans échappatoire, emmené par l’éminent colonel Clément et son lieutenant Hugo (pas encore diplômé !). Par la radio (talkie-walkie efficace), on suit leur progression et bientôt leur victoire. Le sommet est conquis à 12h, respect.
Pour nous 6, il reste à conquérir une variante plus modeste, une autre arête moins compliquée, en schiste instable mais pas défendue par la neige, pour ne pas arriver trop tôt au refuge de Vallonpierre, où nous attendent bières, kf et bains de pieds (voire tout le corps pour notre cantinière dans ce lac à 2200m).
Nous tournons le dos au Sirac vers la fourgon d'Eric, mi déçu, mi revanchard, mais plein de sagesse.
Faible compensation, notre retour à Crest se fait cool vers 20h30, alors que l’autre commando rentrera à 1h du mat, sans haie d’honneur… pourtant méritée."
Michel, second de cordée normale