Carnet de route

Goulotte improvisée à la Sainte Marguerite

Sortie :  Week-end goulotte + du 16/04/2016

Le 16/04/2016 par Clément

La météo joue contre les amateurs de piolets traction et de pentes raides et gelées : après avoir dû annuler le week-end initiation goulotte, nous raccourcissons celui-ci à une unique journée pour cause de tempête prévue le dimanche. Mais quelle journée !

Après une courte nuit à Villar d'Arêne, nous partons pour le Casset. Demi-tour au bout de 10 minutes de route : on a laissé le topo au gîte ... ou pas, puisqu'il était soigneusement rangé dans le coffre. De toute façon il fait moche et il n'y aura pas de regel alors on n'est pas 1/2h près !

On part du Casset les sacs lestés de toutce qu'il faut pour survivre en glace et rocher, et avec le topo cette fois, histoire de pouvoir s'adapter aux conditions. Après moins d'1h de marche, il semble que l'adaptation va devoir se faire au bistrot devant un chocolat chaud : il tombe de la neige mouillée et la face semble déneigée de bas en haut. Mais c'était sans compter sur l'entrain général : on va voir au pied, et puis tant qu'à être au pied on se dit qu'on va essayer les 1ères longueurs quitte à buter un peu plus haut.

Acte 1 : Les touffes

Je m'élance dans ce qui doit être la goulotte Grassi. Une 1ère longueur dans des touffes d'herbe et du rocher, pas raide, et qui débouche sur un petit câble bienvenu. On est trempés, mais pas perdus ! Un petit pas de désescalade et une 2e longueur de canyoning à l'envers nous attend. Seb est tout à son aise même si il a plutôt l'habitude de les descendre. Au-dessus, plus de neige, un surplomb glauque agrémenté d'une cascade ... Heureusement une longueur de touffes d'herbe sur le bord de la gorge, puis une 2e nous permettent de rejoindre une grande vire enneigée.

Acte 2 : La balade des gens heureux

La goulotte au-dessus de nous est en fait un canyon et sa cascade. Mais -- Oh joie ! -- sur la gauche, nous découvrons une goulotte correctement remplie de neige. Et c'est parti pour quelques longueurs de balade : des petits passage mixte, de la neige dure, de la neige molle ... Tout y passe. Pour bien nous montrer qu'il se balade, Seb décide de faire la seule longueur de glace en nous laissant les broches. En tant qu'encadrant responsable, je décide immédiatement de le sanctionner et reprends la tête du cortège : on ne badine pas avec la sécurité !

Acte 3 : La blagounette d'Hugo

Nous faisons une grande longueur de corde tendue qui nous pose au pied d'un petit ressaut de rien du tout. Après un peu de glace, le ressaut de rien du tout se révèle en neige inconsistante, plaisir ultime de la goulotte, dont je me délecte avant d'improviser un relais pour faire venir la caillera de la montagne (voir photo) et le glaçon sur pattes. C'est que le combat m'a pris un peu de temps, que Seb a décidé de nettoyer l'intégralité de la neige inconsistante sur la tête d'Hugo, et qu'en plus, les gants étant trempés, Hugo grimpe à mains nues (mais avec des gants secs dans le sac pour ... pour ... on ne sait pas trop en fait). Seb ne fait qu'une bouchée du ressaut merdique, puis Hugo le surmonte après s'être arrêté quelques fois réchauffer ses mains. Une fois arrivé au relais, ce qui devait arriver arrive : c'est l'onglée pour Hugo ! Mais pas une petite onglée, non, celle-ci est d'une autre trempe :

- Oh chuis pas bien ... Oh je vais vomir ... Oh chuis bien ... Oh je vais tomber dans les pommes ...

Ce qu'il fit dans la foulée. Un petit coup d'oeil au téléphone pendant que Seb frictionne Hugo me permet de conclure qu'il va falloir se débrouiller par nous même. Heureusement, Seb a la friction efficace et avec un peu d'eau et une ou 2 barres (ah oui c'est vrai il est 15h et on n'a rien bu et rien mangé), voilà Hugo qui, après être passé par le vert et le blanc, vire de nouveau au rose.

Acte 4 : La sortie

Etant donné le nombre de longueurs déjà effectuées, nous espérons nous épargner les rappels et sortir par le haut. Après 2 grandes longueurs menées de main maître par Seb, un petit fourvoyage sur une arête, puis un bon travail de terrassement dans les pentes de sorties ayant pris le soleil, nous sortons non loin du sommet. Vue l'heure et le vent, on en profite au moins pendant 5 secondes, avant de se jeter dans un couloir de descente.

Acte 5 : Les sacs

Nous avalons assez rapidement les pentes de neige de la voie normale de la tête de Sainte Marguerite, sauf Hugo qui a trop bu et mangé et passe du coup régulièrement au travers. C'est l'occasion de rendre visite aux torrents ou aux branches qui peuplent le sous-sol des névés. Puis vient le moment de la séparation : je refile tout mon matos à Hugo, laisse les 2 compères et leur donne RDV à Monétier. Je passe la 2nde pour la fin de la descente et entame la traversée puis la remontée jusqu'au Casset puis jusqu'à la voiture. Mais ce n'est pas fini : nous avons eu la bonne idée de laisser les sacs au pied de la voie, à 1h de marche du parking. C'est donc parti pour un petit bourrinage de fin de journée avant de récupérer mes 2 clochards dans un bar de Monétier (clochards riches quand même vu le matos d'alpi qu'ils trimballent, mais pour l'odeur, c'est pareil).

Acte 6 : Le retour

Ne reste donc plus qu'à se farcir les 3h de route jusqu'à Crest, à trier le matos, à tout faire sécher (y compris nous-même), à se doucher, et accessoirement à dormir. Bilan des courses : coucher 2h. On n'a fait qu'une journée, mais on en a bien profité !

Epilogue

Le lendemain, je jette un coup d'oeil au topo. "Pour la goulotte Grassi, une fois sur la vire, traverser franchement à gauche vers un couloir." Ah ! Bah on a dû faire ça alors. Ca donne 800m, TD, 4, M4. Pour le 4 en glace, il faudra revenir, pour le reste on a été servis !

Merci et bravo aux 2 lascars qui ne sont pas débinés malgré tous les obstacles !

CLUB ALPIN FRANCAIS CREST VAL DE DROME
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