Carnet de route

VTT au Maroc

Le 18/04/2016 par maunand michel

Une équipée au Maroc, c’est être accueilli, étonné, séduit, patient, questionné, gavé, et bien d’autres impressions et, quand tu ne comprends pas, il te faut adopter la philosophie locale : tu poses ta question, tu reçois un sourire avant la réponse, la réponse te convient ou pas, l’Inchallah suit toujours la réponse, la main sur le cœur, et tu te persuades que tout va bien.

Et tout s’est bien passé.

Il m’a fallu comprendre cette douce philosophie dès mes premiers échanges sur ce projet de raid VTT : fallait relancer plusieurs fois pour obtenir une réponse : Inchallah ! Ça va le faire … je ne voyais pas la main sur le cœur sur internet, ou au téléphone.

Et du cœur, il y en a eu.

Nos neuf vélos n’étaient pas neufs, mais bien quand même, peu suspendus, assez pour pédaler cinq jours et plus de 200kms sur leurs pistes roulantes, secouantes, et même se faire au final quelques singles qui ne sont pas leur tasse de thé … à la menthe !

Et des thés à la menthe, on en a bu.

Et quand un enfant sur un plateau du moyen Atlas nous a présenté son vélo en pièces détachées, pneus crevés, chaîne rouillée, dérailleur explosé, tout le monde s’y est mis, à dérouiller et ajuster la chaîne, à réparer pneus et roues, à encourager et donner nos affaires, le pique-nique pouvait attendre.

Pleins d’autres repas furent généreux et servis, tables au niveau des genoux.

Notre équipée de neuf cafistes s’est constituée doucement fin 2015, sans avoir pratiquement voyagé ensemble avant, et la symbiose s’est faite, la cohésion fut bonne tout le temps : Éric (Dupont) et Mary souvent devant jusqu’au demi-tour après s’être trompés, Marie-Pierre et Isabelle derrière mais pas que, Marc indisposé et quand même sur ses jambes, Frédéric notre botaniste à l’aise dans les singles rocheux, Rémi au reportage, Éric (Deyres) sans Marianne, et moi confondant cigognes et sternes…

Bien encadrés, bien soudés, nous fûmes une bande de copains enjoués.

Le moyen Atlas à VTT, c’est rouler entre 1300m et 1800m au sud de Fès, parcourir la maigre ruralité marocaine, se méfier des chiens, voir des singes, passer des mimosas en fleurs aux cèdres majestueux, écouter l’eau jaillir et couler en cascade, faire fuir les moutons qui cherchent une herbe rare, entendre Salamalikoum à chaque rencontre, laisser ses chaussures à l’entrée des demeures.

Cette région est belle et ses habitants respectueux.

La Maroc bouge, la princesse et épouse du Roi, Lalla Salma, s'affiche sans voile et bras nus, les villes s’occidentalisent rapidement, internet et les smartphones envahissent, la flotte de taxis se rénove, une ligne TGV se construit … l’exode rural est visible, les minarets chantent dès 5h, les bidonvilles résistent, les plastiques sont de partout et le tri inexistant, le neuf n’est pas fini, les ânes portent les familles, les terrasses des cafés sont majoritairement masculines et sans alcool, le Maroc reste traditionnel.

Et ces deux vitesses en font tout le charme.     

*Notre guide et champion, Saïd, se préparait à une grosse compétition : le Titan, 600kms de VTT !

*Notre organisateur et intendant, Abderahimm, enseignant, a prêté le vélo de son fils un jour à MP pendant la mise au point d’un autre et nous a ouvert les portes de sa maison d’Azrou pour des repas généreux.

*Alexandre, français installé à Rabat, président de l’association DAR VTT avec laquelle nous avons pédalé, est venu donner un coup de main et d’amitié par deux fois.

Michel

http://darvtt.lifemoz-dev.com/