Carnet de route
Ski de rando en TARANTAISE
Le 12/04/2012 par MAUNAND Michel
Un raid de plus pour nos 10 participants, enfin, 7, 9 ou 10, Thierry ? Les gardiens des refuges n’ont jamais bien compris combien nous étions. Pourtant, nous nous sommes fait remarquer : arrivée tardive (entre 19h30 et 20h) au Carro, soirée rock au Prariond…
- Tout a commencé par la montée tranquille (700m+) à partir de la huppée station de Val d’Isère jusqu’au refuge du Fond des Fours, 3 bâtiments minimalistes aux toilettes sèches 1 place à l’extérieur et accessibles par un cheminement glissant. Imaginez le tableau avec des chambrées surbookées. Pour se laver les dents, aussi extérieure, la fontaine coulait à flots.
- - Le deuxième jour, -10°, il y a 15 cm de neige fraîche et un brouillard à couper au couteau. Deux groupes de raquettistes encadrés par des accompagnateurs hésitent devant la suite de leur rando. Nous partons vers les 8h30 avec l’espoir d’une amélioration météo. L’étape est prévue longue (6/7h), avec deux cols (les Fours et l’Ouille noire). Avec nos deux GPS préparés et l’expérience d’Edith et Thierry dans ce massif souvent parcouru, le premier col est franchi dans le vent et les nuages. C’est bien de savoir où l’on est, je suis content de trouver ma route dans de telles conditions, m’appuyant sur mon GPS enfin utilisable. La descente devient scabreuse, le vent monte dans les tours, c’est la grosse tempête. Deux guides avec leur client croisés au détour d’une croupe soufflée comme dans les 50° hurlants demandent l’état du col que nous venons de franchir et tordent la bouche quand nous leur disons prévoir d’aller au deuxième, le col de l’Ouille noire. Ouille ouille ouille ! Au croisement de la route de l’Iseran, nous nous abritons contre le Pont de la Neige, et décidons de descendre par la route jusqu’à Bonneval sur Arc, pour aller au refuge Carro par l’itinéraire classique, en fond de vallée. Nous savons que nous rallongeons l’itinéraire. C’est sans compter sur un tunnel bien bouché des deux côtés par d’énormes congères, heureusement percées de petites chatières à chaque extrémité. Voilà la première expérience pour nous tous, une pause repas dans un tunnel abrité de la tempête. Une horde de chamois nous accueille plus bas, la glisse se dégrade rapidement, la visibilité s’améliore et le vent diminue. A 2100m, il faut porter les skis sur 200m. Depuis le col, ce fut une descente épuisante, aux conditions rares. La pause au bistrot du repaire de Claudie et nous voila poussant sur les bâtons dans le long Vallonnet menant aux sources de l’Arc. Il y a peu, Henri et Guy étaient partant pour abandonner ou différer cette montée imprévue. Mais, ils restent vaillants. Valentine et Jean François se font des sandwichs à tous les arrêts. Nous terminerons « torchés » après une journée de 1700m+ et 12h d’activité intense. Le refuge est blindé. La bière et le vin vont directement dans les veines, le repas englouti. Les cernes sont marqués, le dodo immédiat.
- - Le troisième jour, c’est presque repos. Nous pouvons laisser quelques affaires au dortoir. Est prévu un AR à la Levanna Occidentale, 3593m, soit 840m+. Une formalité. Sauf que vue de face, c’est bigrement engagé, avec des petites barres de partout et pas mal de rochers épars. On aperçoit même une cordée qui grimpe en crampons. Pourtant ce n’est coté que PD+ ! Bizarre ! Hésitation, on s’approche, Eric a ses troubles gastriques, Henri a oublié ses couteaux au refuge des Fours, Valentine est dubitative, mais il faut croire que nous avons un joli petit niveau, car tout le monde monte avec ses skis aux pieds pour profiter d’une vue exceptionnelle au sommet : Viso, Barre des Ecrins, Grande Casse, Mt Blanc, Gd Combin, Gd Paradis, Mt Rose, plaine du Pô… La descente reste prudente et bien agréable, avec les premiers yahoo dans la poudreuse. « Pas si bonne qu’aux Encantats ! » Guy, Claudie, Christian commencent à en avoir raz la paella de cette référence pyrénéenne. Le soleil brille, nous pouvons prendre un déjeuner sur la terrasse du refuge, et couler une douce après-midi dans une partie de tarots acharnée, aux comptes douteux (c’est moi qui les tenait, mais j’ai eu l’élégance de finir 2° à 10 points des premiers, très chanceux !)
- - Le quatrième jour, bien retapés et pour la plupart propres d’une douche archaïque, nous voila en direction du col des Montets, par les détours des vallons praticables. Le final du col est pentu, le groupe est aguerri, nous pouvons attaquer le glacier des sources de l’Isère avec nos baudriers prêts et l’œil en éveil. La météo doit se dégrader, mais rien de tel jusqu’au sommet de la Grande Aiguille Rousse, 3482m. Un tour d’horizon encore magique, et c’est la descente, par un couloir ou par un collet, où les commentaires vont bon train : « allez, engage la spatule, godille, avale les bosses Eric, mais si j’ai encore des jambes, ne coupe pas ma trace, attention aux crevasses… » Nous plaisantons sur les groupes de touristes riches qui font leur hors pistes avec guide, petit sac à dos, skis haut de gamme, l’exploit de leur séjour. « Nous au moins, on a fait le sommet, et nos traces sont là-haut, pas de la bricole en dessous… » Les nuages italiens envahissent notre vallon, nous planons dans le coton froid, la perturbation arrive, le gardien du refuge du Prariond nous accueille avec une solide omelette pour les plus affamés. Jean François et Valentine sortent leur gros pain et leur saucisson, comme d’hab. Nous sommes seuls pour la nuitée, tous les autres ont annulé. La douche s’améliore. Si nous continuons, nous devrions trouver un jacuzzi dans le suivant. Le poêle ronfle, la belle à la belote scelle les meilleurs, 4 écossais croisés sont enfin arrivés au refuge du Carro (radio refuges), la musique révèle des danseurs, peu nombreux ! Nuit calme, pas un ronfleur, le pied !
- - Le cinquième, jour, c’est la météo qui décide. Il a neigé fort avec beaucoup de vent et les prévisions ne sont pas bonnes. A 10h, nos organisateurs annulent au refuge Benevolo et ses antipasti, nous serpentons un ultime retour dans les gorges de Malpasset, masqués, avec le regret d’un raid inachevé, et la joie d’avoir passé cinq jours dans une ambiance parfaite.
Michel.
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